Les raisons d'une colère qui ne retombera pas
Publié le 25 Octobre 2010
Abécédaire à l’intention des “pédagogues” au pouvoir
Jeunes lycéens ou étudiants, salariés du public ou du privé, retraités en voie de paupérisation, voici ce que NOUS avons
compris au sujet de VOTRE réforme, contre laquelle nous nous mobilisons encore, à juste titre. Voici ce que nous savons de ce qui se passe dans notre pays, et qui nourrit notre colère, profonde
et légitime. Aussi, ne vous leurrez pas : même la réforme votée, notre colère ne retombera pas, car elle trouve ses racines dans bien des dérives, et cette réforme des retraites n'est que la
goutte, énorme, qui fait déborder un vase déjà bien plein.
ANTI-SOCIALE. Cette réforme aura un effet dévastateur de
paupérisation pour une majorité de “vieux”, en maintenant les plus âgés, non pas au travail, mais en situation de dépendance totales de revenus de remplacement : allocations chômages, indemnités
de longue maladie, pension d’invalidité, minimas sociaux.
BAISSE DES FUTURES PENSIONS DE RETRAITE : l’allongement de la durée
de cotisation, portée à 42 annuitées, UNE DES PLUS LONGUES DURÉES DEMANDÉES EN EUROPE, liée à l’allongement de la durée d’études pour les plus jeunes, leurs difficultés à trouver rapidement un
travail pérenne, amènera automatiquement une baisse des pensions servies. Le lit est ainsi fait pour les retraites ppar capitalisation.
CALCUL SUR LES 25 MEILLEURES ANNÉES : là encore, une des plus longue
période de référence en Europe. Pour l’immense majorité des salariés, cette période de référence ne peut que tirer vers le bas la pension servie. Les femmes en sont les premières victimes, ainsi
que tous les jeunes sortant de l’école sans qualification qui vont enchaîner petits boulots, stages, CDD, chômage, et qui peineront à valider 1 ou 2 trimestres par année de galère.
DÉFISCALISATION : les plus hauts revenus, les plus grosses fortunes, les plus
grosses entreprises pratiquent avec talent l’art de la défiscalisation à outrance, activant tous les mécanismes légaux leur permettant d’échapper ou de minorer fortement l’impôt sur le revenu ou
les bénéfices. Pour autant, cela n’empêche pas que beaucoup s’adonnent à l’évasion fiscale, utilisant pour ce faire les paradis fiscaux qui existent toujours, quoi qu’un certain G20 en ait dit,
en toute impunité.
EXONÉRATIONS : de charges patronales sur les salaires. Depuis des années, les
gouvernements successifs ont accordé des réductions de charge sur les cotisations patronales, en échange d’une promesse jamais tenue : créer de l’emploi. En 2009, la plus grosse destruction nette
d’emplois industriels a été opérée sans pudeur par un patronat davantage soucieux de ses actionnaires que de la santé économique du pays qui le nourrit. Dernier cadeau en date : la suppression de
la TP : Total en année pleine va économiser 7 milliards !
FISCALITÉ INDIRECTE : la plus injuste des fiscalités, car non
redistributive et non proportionnelle. Payée par tous, elles assomment les bas revenus, enfoncent les revenus médians, et reste indolore pour les très hauts revenus, qui plus est protégés par un
bouclier fiscal indécent. TVA, TIPP, TGAP… autant de taxes payées dès le premier centime par les plus modestes. L’utilisateur ou l’acheteur final est soumis à chaque hausse de prix, justifiée ou
non. 88 % de taxes sur chaque litre de carburant, 19,6 % de taxes sur les produits manufacturés, 5,5 % sur l’alimentaire, l’énergie… taxation identique à chaque achat pour Liliane, femme de
ménage au RSA, et pour Liliane, femme de Bettancourt à l’ISF.
GREVE : seul outil à la disposition des salariés quand ils sont
traités avec mépris par ceux qui les emploient, ou par un gouvernement qui leur fait les poches.
HABITATION : se loger est devenu le sujet de préoccupation principal
d’une majorité de français, qui sont obligés de consacrer une part chaque année plus importante de leurs revenus au paiement de leur loyer, amputant d’autant leurs autres dépenses. Le logement
social est abandonné au profit du secteur privé qui pratique une politique de prix élevés, y compris pour des logements indignes, et encaisse depuis des années des prestations logements
distribuées sans contrôle de la qualité du logement offert. Ce qui contribue à maintenir des prix déraisonnables et à assécher les financements des caisses d’allocations familiales.
INÉGALITÉS : pas un jour ne passe sans exemple détestable que la condition de
“fortune”, de “naissance” ou de “réseaux influents” facilitent la vie et l’ascension sociale d’une poignée de privilégiés, quand l’immense majorité des citoyens voit tout espoir d’amélioration de
leur quotidien s’éloigner jour après jour.
JUSTICE : de plus en plus critiquée. Les passe-droits d’une ultra
minorité minent la confiance vis à vis de l’institution judiciaire. La défiance des citoyens face à ce dernier rempart indépendant du politique contre l’injustice est un signal fort d’une société
malmenée, perturbée dans ses repères, parfois poussée, souvent abandonnée à des comportements répréhensibles.
KILOWATT : au même titre que le logement, l’électricité devient hors
de prix. Se chauffer va rapidement devenir un luxe pour les plus modestes, locataires soumis aux appareils de chauffage électrique bon marché pour le seul propriétaire du logement. La tendance
est la même pour le gaz, pour le fioul et pour le carburant, vache à lait de tous les gouvernements successifs, taxé à 88 % !
LOIS : outils privilégiés du gouvernement pour appauvrir, asservir
et ôter toute envie de révolte. Secteur en pleine expansion, qui ne connaît pas la crise.
MENSONGES : devenus la norme d’une majorité de personnalités
politiques et de médias, quitte à se contredire en permanence. Utilisés sans vergogne, tablant sur l’absence de mémoire des “imbéciles” à qui l’on s’adresse.
NON : résultat obtenu lors du référendum de 2005. Après le
changement de la constitution acté lors du congrès de 2008, nous avons eu droit au traité de Lisbonne, mais nous attendons encore le décret d’application de l’article permettant l’organisation
d'un référendum d’initiative populaire.
OUI : nous sommes demandeurs de plus de justice, de plus d’équité,
et de RESPECT.
PARTAGE : des richesses produites, réparties équitablement entre le
travailleur et l’investisseur. Ce qui ne peut que contribuer à une relance de la consommation, donc de l’investissement et de l’emploi. Pour avoir encore plus à partager, au lieu d’engraisser des
goinfres qui accumulent ou spéculent, quitte à asphyxier l’économie de leur pays.
QUOTA : voir partage.
RÉSISTANCE : par fidélité à nos aînés, à la république, à l’abolition des
privilèges, à la déclaration des droits de l’homme, à la juste considération que tout être humain est en droit d’attendre, à la volonté de ne pas sombrer sous le droit d’un seul homme ou d'une
caste.
SOUVERAINETÉ : il est inacceptable de laisser détruire ce qui a
fondé notre “vivre ensemble” et notre modèle de société (services publics, laïcité, solidarité intergénérationnelle, éducation, santé, systèmes de péréquation pour un juste équilibre entre les
territoires et les citoyens…) par des institutions extérieures : OMC, OCDE, BCE, FMI, Commission Européenne… imposant leurs règles sans que nous ne soyons consultés à aucun moment.
TENACITÉ : ne rien lâcher.
UNITÉ : ce que nous voulons ou ce qui nous manque n’est pas caché
dans la poche de notre voisin de palier ou de lotissement. C’est plus haut qu’il faut s’adresser, au lieu de nous laisser manipuler : jeunes contre vieux, public contre privé, salarié
contre chômeur, français contre étranger…
VÉRITÉ : affaire Woerth, affaire de Karachi, affaire Elf, affaire
Clearstream, affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris… il faudra nettoyer de gré ou de force les écuries d’Augias si nous voulons retrouver la dignité et la confiance dans le
politique.
WASSINGUE : il faudra passer la sepillière après le grand
nettoyage.
XENOPHOBIE : au lieu de regarder l’étranger comme un ennemi, penser
à regarder et identifier les vrais ennemis de classe.
YACHT : de Bolloré, avec le Fouquet’s, deux symboles forts d’un
début de règne dévastateur qui annonçait la couleur.
ZERO : pointé à tous ceux qui de près ou de loin auront participé à
cette mascarade de réforme : président, ministres, députés, sénateurs, journalistes, MEDEF… Comme pour le “non” de 2005, une nouvelle ligne de démarcation entre les beaux parleurs et la "France
qui se lève tôt".