Ce matin, l'air redevient respirable

Publié le 7 Mai 2012

Voilà, c'est fait… Quand un Président se comporte comme un chef de clan, quand les actes fondateurs d'un quinquennat débutant sont entièrement tournés vers le monde de l'argent, ses représentants et leurs intérêts, quand un gouvernement n'a de cesse sous couvert de "bonne gestion" de favoriser la classe dominante en lui accordant sans contre partie aucune exonérations et niches fiscales sacrifiant ainsi volontairement des recettes qui creusent la dette, quand un gouvernement, sous prétexte de ce manque de recettes, enfonce chaque jour un peu plus la majorité populaire d'un pays dans les sacrifices, la sanction doit alors venir du peuple.

 

 

La révolution citoyenne a débuté : pacifiquement, par un simple petit papier, une majorité de Français ont ainsi dit hier qu'ils ne voulaient plus de cette politique, de cette instrumentalisation de l'état au service exclusif des puissants et des puissances de l'argent. Hier, les Françaises et les Français ont dit "non".

 

 

Il ne faut pas pour autant se voiler la face : la victoire de François Hollande est mince, elle est fragile. Elle n'a été rendu possible que par l'addition de voix aux attentes et aux motivations bien différentes. Des voix socialistes en majorité, bien sûr : celles du premier tour, qui l'avaient porté en tête de la gauche. Parmi ses voix, environ 30 % d'entre elles auraient aimé pouvoir choisir le Front de Gauche. La machine médiatique, bien dressée, s'est employée les dix derniers jours avant le 22 avril à "sortir" la grosse artillerie contre Jean-Luc Mélenchon : ne pouvant exploiter une quelconque "affaire" crasse inexistante, des amalgames et affirmations gratuites ont fleuris : "l'ami" de Buisson… une misérable photo de 2001 le montrant avec Bachar El Assad sur un tarmac d'aéroport… un déjeuner "secret" avec un proche de Sarkozy…

 

Les voix des électeurs Front de Gauche n'ont cependant pas failli à la tradition républicaine de gauche : se reporter massivement sur le candidat de "gauche" le mieux placé. Sans conditions, sans manœuvre, sans mégoter ni tergiverser. La position personnelle de François Bayrou aura aussi apporté des voix centristes, pas de façon majoritaire, mais a confirmé un côté progressiste du camp centriste. Des voix vertes, les écarts d'entre deux tours montreront que du départ, le vote utile aura laminé une part importante d'un parti ayant capitulé avant la bataille.

 

Pour le delta restant, les paroles prononcées entre les deux tours par le sortant Sarkozy, courant de façon éhontée après les voix FN n'auront pas atteint leur but ; tant mieux. On pourra s'interroger sur la cohérence de Marine Le Pen, qui reproduit la posture paternelle, incapable de projeter un futur pour le pays dont elle ne soit pas l'instrument principal. Je ne doute pas cependant que des voix marinistes aient ignoré l'indication de vote blanc : Sarkozy aura donc été battu, malgré cet ajout supposé de voix d'extrême droite. L'apprentissage de l'extrême droite est de longue haleine : 40 ans d'existence du FN le lui permette pas encore de transformer un soi-disant engouement populaire en réalité politique. Nicolas Sarkozy pourra réfléchir à son choix lamentable en toute tranquillité.

 

Le comique de ce résultat étant que le seul discours un tant soi peu républicain n'aura pu sortir de sa bouche qu'une fois battu. Bref. L'air ce matin est plus frais, plus léger. Pour le reste, rien de changé. C'est au pied du mur que l'on reconnaît le maçon. Hollande sera-t-il un bon travailleur ? A suivre.

 


Rédigé par Sylvie Boussand

Publié dans #Vach'ment bien dit

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
<br /> Sylvie, joie certaine : la première marche - absolument nécessaire mais insuffisante - a été franchie !<br /> <br /> <br /> Ce qui néanmoins me navre, c'est que plus de 17 millions d'électeurs n'ont pas été rebutés par la bassesse de Sarkozy à l'assaut des voix lepénistes...<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Pédagogie, encore de la pédagogie, pour vaincre la démagogie… et la politique de bistrot.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Bonjour Sylvie,<br /> <br /> <br /> Notre joie est certaine, mais encore en demi teinte compte tenu de la couleur de la rose que nous trouvons un peu pâlichone. Mais ne boudons pas notre plaisir, comme tu le dis, l'ai devient plus<br /> respirable et il vaut mieux une rose qu'une fleur de lys. A nous, maintenant de continuer l'oeuvre entamée au premier tour par JLM et de faire une grosse tâche d'huile autour de nous pour que le<br /> nombre d'élus du Front de Gauche soit le plus important possible, histoire de fournir les bons outils et les bons matériaux au maçon pour que le mur soit celui sur lequel les tenants de<br /> la finance et leurs amis se cassent les dents.<br /> <br /> <br /> Bises de catalogne<br /> <br /> <br /> Béa et Lucien<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Bonjour les Catalans !<br /> <br /> <br /> c'est fou ça, les FDG, ça pousse comme des champignons ! Et les champignons, il y en a de Paris, on les mets en boite à l'assemblée… plein de boites !<br /> <br /> <br /> Bises amicales.<br /> <br /> <br /> <br />