Au Cameroun, Bolloré patine dans l'huile

Publié le 16 Décembre 2010

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10/12/2010

UNE EXPLOITATION D'HUILE DE PALME,

MARIONNETTE DES MULTINATIONALES

Entre 2007 et 2010, les associations SHERPA, FOCARFE (1) et le Centre pour le Développement et l’Environnement (CED) ont mené plusieurs enquêtes sur les plantations de Kienké et de Dibombari, au Cameroun. Elles viennent de publier leur rapport, dans lequel elles dénoncent les agissements de la SOCAPALM (Société Camerounaise de Palmeraies), la plus importante exploitation d’huile de palme au Cameroun.
A l’arrivée dans ces régions de l’entreprise en 1968, des hectares de riche forêt pluviale sont défrichés, avant d’être progressivement convertis en monocultures de palmier à huile. Outre l’accaparement de ressources forestières essentielles notamment aux populations de paysans-chasseurs Bantous et à des communautés de chasseurs-cueilleurs Bagyeli (« pygmées »), des milliers d’hectares de terres arables sont soustraits aux populations locales. De même, en raison de leur localisation à l’intérieur de la plantation, certaines zones de pêche sont rendues inaccessibles.

A l’époque, les pouvoirs publics entendent compenser l’impact sur les communautés riveraines par les opportunités d’emploi et commerciales que faisait miroiter le nouveau complexe agro-industriel. Mais l’entreprise publique échoue dans ses promesses par manque de rentabilité.
Dans le cadre « des mesures d’ajustement structurel », la SOCAPALM est privatisée sous l’impulsion de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI). Une fois encore, les communautés locales y voient un espoir de rétablir la barre. Malheureusement, la privatisation n’a fait qu’aggraver le sort des populations locales, cédant dès 2000 à la logique de profit. Finalement, les populations locales ne bénéficient pas des débouchés d’emploi qu’offre la plantation, les salariés de celle-ci, eux, se voyant imposer des conditions de travail et d’hébergement « déplorables ». Par ailleurs, les activités de la plantation « présentent un risque sérieux pour la santé » et nuisent à l’environnement.

En appelant au respect des principes directeurs de l’OCDE (2), les associations ont déposé plainte « OCDE » grâce à une démarche spéciale dite de « circonstance spécifique » (3) contre les sociétés Bolloré (France), Financière du champ de Mars (Belgique), SOCFINAL (Luxembourg) et Intercultures (Luxembourg). Selon les plaignantes, toutes quatre exercent conjointement le contrôle des opérations sur place.
1- Créée en 199, la Fondation Camerounaise d'Actions Rationalisées et de Formation sur l'Environnement est une OSC destinée à venir en aide aux pauvres des villages et des quartiers du pays.
2- Organisation de Coopération et de Développement Economiques.
3- « L’expression « circonstance spécifique » provient des Principes directeurs de l’OCDE. Toute personne, organisation ou collectivité qui estime que les agissements ou les activités d’une entreprise multinationale enfreignent les Principes directeurs peut officiellement demander l’examen d’une « circonstance spécifique » au point de contact national du pays où l’entreprise multinationale a son siège. De ce fait, une circonstance spécifique renvoie à « une question ou une situation » soulevée par les parties intéressées qui serait contraire aux Principes directeurs à l’intention des entreprises multinationales ».

Rédigé par Sylvie Boussand

Publié dans #Et pendant ce temps là…

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