Avis de tempête politique : y'a d'la rumba dans l'air…
Publié le 5 Février 2011
Depuis plusieurs semaines maintenant, un vent venu des côtes méditerranéennes souffle sur les pays du Maghreb, et remonte via l'Egypte vers le proche et le moyen orient. La petite brise chuchotante des sanglots étouffés par des poitrines trop longtemps oppressées et expirantes par manque d'air et d'espoir s'est renforcée au fil des jours. Là, le tourbillon des feuilles mortes de toutes les espérances liées à une bonne éducation a explosé dans un écœurement général contre la corruption et la prévarication élevées au rang de dogmes gouvernementaux. Plus loin, la mise en perspective de richesses accumulées, captées par des mains avides et claniques, avec un quotidien de manque permanent et de paupérisation généralisée des populations a amplifié une colère si longtemps contenue. Des peuples se lèvent, se relèvent. Des voix montent, fortes de leur vérité, pour exiger. L'heure n'est plus à la demande, récompensée parfois d'une prébende ou d'une obole. L'heure est à l'exigence. Des peuples exigent. Quelles réponses recevront-ils ? Peut-être pas la meilleure, mais à tout le moins, cela ne pourra pas être pire que ces absences de réponses depuis des décennies. L'avenir leur appartient, en espérant qu'ils pourront s'emparer d'une construction réellement démocratique de leurs prochaines années. Le temps de la lumière, je l'espère, est en marche pour nos sœurs et frères des terres arabes.
Et pendant ce temps là, chez nous, en France… le peuple aussi a exigé. Cet automne, des millions de personnes ont aussi manifesté dans la rue pour exiger le retrait d'une loi scélérate sur les retraites. Mot d'ordre pas toujours relayé par certains syndicats, mais c'était bien là pourtant le sens de cette présence. Sarkozy n'a pas entendu. Sarkozy n'a pas vu. Mais aujourd'hui, il VOIT ce million d'égyptiens et se permet, grand seigneur, quelques conseils à son homologue Mubarak. Une façon de se rattraper aux branches de l'arbre médiatique, pour n'avoir pas vu, aussi, ces Tunisiens se démenant dans un marasme économique imposé par ce cher ami de la France ?
A sa décharge, la plus capée de ses ministres, trois fois titulaire d'un ministère régalien, officiant cette fois aux affaires étrangères, n'a rien vu non plus. Elle était pourtant sur place, Madame Alliot Marie. Et plutôt deux fois qu'une, accompagnée de son secrétaire d'état de compagnon. L'âge, peut-être ? La vue qui baisse, une ouïe déficiente ? Comment voulez-vous que cette dame sache dans quel avion elle monte ? Comment voulez-vous qu'elle se rappelle si elle a utilisé sa carte bleue personnelle ou des chèques vacances, Madame la Ministre ? Alors, s'est entendu : Madame la Ministre n'a rien à se reprocher, mais alors rien du tout. Elle ? Peut-être. Nous, on a beaucoup à lui reprocher, à Madame Alliot Marie. Entre autres personnes de choix de ce gouvernement présent ou passé…
Une question me tenaille depuis pas mal de temps : comment tient-elle, Madame Alliot Marie ? Je veux dire, comment tient-elle Monsieur Sarkozy, depuis son ralliement surprise pendant la bataille interne à l'UMP pour l'investiture de 2007 ? Je veux bien croire MAM douée de super-pouvoirs, de là à la prendre pour Catwoman…
Alors, en attendant, profitez, et prenez-nous bien pour des imbéciles. Car il n'est plus question de savoir si nous aussi nous descendrons dans la rue. Il est juste question de savoir QUAND ? Et ce jour là, nous aussi nous EXIGERONS des réponses, nous aussi nous EXIGERONS des départs immédiats. Et on ne viendra pas l'exiger une fois par semaine, en rangs bien sages et alignés. On restera. Jusqu'à satisfaction pleine et entière. Avis à nos amis policiers et CRS : on ammènera le saucisson, le pain et un p'tit rouge de derrière les fagots. Si les magistrats se joignent à nous… on partagera aussi !
Pourriez-vous concevoir que le pays qui a vu naître la Révolution, que le pays qui a vu naître la déclaration des droits de l'homme, que le pays qui pendant des siècles a été un phare dans la nuit pour les peuples opprimés de la terre entière soit réduit à rester spectateur de la déchéance et du ridicule que VOUS nous imposez ? Pas moi.
Comprennez-vous mieux, maintenant, le sens profond et la beauté prémonitoire de ce
"QU'ILS S'EN AILLENT TOUS !" ?